Bacchantes, c’est le dernier opus de Céline Minart paru courant janvier aux Editions Rivages. Je n’avais encore rien lu d’elle jusque là bien qu’elle ait déjà un sacré parcours d’écriture à son actif avec notamment le prix du livre Inter reçu en 2014 pour Faillir d’être flingué mais les quelques pages dévoilées en avant première dans le numéro de Lire de Noel m’avaient donné très envie ; Tous les ingrédients étaient réunis pour me capter : un braquage et donc une intrigue policière, un lieu hors du commun, un bunker de l’armée britannique reconverti en cave à vin d’xception ultra sécurisée, des personnages singuliers, un aléa climatique majeur promesse d’un rythme halteant, et à priori une écriture agile doublée d’une capacité démontrée à emprunter les codes du film de braquage comme elle a su le faire pour le western par exemple.
Bilan l’opération : je viens de l’avaler d’un trait !
D’accord le livre est très court (105p), un poil trop à mon goût d’ailleurs car j’aurais bien aimé aller plus loin dans la rencontre avec ces 3 braqueuses excentriques et aussi avec Coetzer, le propriétaire de cette « forteresse », comprendre leurs motivations, leur psychologie. Mais s’il est court, c’est surtout parce que le texte est ciselé, précis, photographique. Céline Minard y met du nerf, installe une tension presque oppressante et mène l’intrigue tambour battant.
Je me suis parfois sentie perdue entre les personnages, passant de l’un à l’autre sans plus toujours savoir qui est qui mais je pense que ce sentiment de tournis, d’ivresse, c’est ce que voulait créer l’auteur, me faire perdre un peu de mes repères spatio-temporels, pour que je sois moi aussi dans ce bunker sous la mer avec un typhon qui menace de déferler sur les côtes…
Ce que j’en retiens aussi, c’est la jubilation suscitée par les échanges entre les personnages, une véritable joute verbale caustique, cinglante, très imagée et qui fait sourire voir éclater de rire !
Le négociateur écoute encore une minute et enlève son casque.
C’est une femme.
Ou un type qui porte des escarpins.
La brigade d’intervention sort en silence. Les hommes suivent scrupuleusement le protocole. Trente cinq minutes passent avant qu’ils ne reviennent au QG avec l’objet sécurisé.
Un romanée-conti de 1969
Ou une bouteille d’urine matinale, question de point de vue.
Jackie Thran n’est pas cheffe à se fier aux étiquettes.
Plusieurs fois je me suis surprise à penser à la série La Casa de Papel en lisant Bacchantes. J‘y trouve beaucoup de similitudes à commencer par le braquage d’un lieu extraordianire par une équipe d’individus au caractère bien trempé… mais je ne vous en livre pas plus, le meilleur étant tout de même de vous faire votre propre avis.