J’ai eu envie de lire ce roman de Vanessa Bamberger après avoir regardé La Grande Librairie un mercredi soir de février.
Elle était ce soir-là aux côtés de Andreï Makine, Murielle Magellan et Joseph Ponthus qui m’a aussi fait très forte impression et dont j’ai bien l’intention de lire prochainement le premier roman initulé « A la ligne », récit autobiographique écrit comme de la poésie chaque soir lorsqu’il rentrait de l’usine, pour survivre, pour se laver de sa journée et témoigner aussi de ce quotidien d’ouvrier éreintant qu’il est parvenu à traverser en convoquant ses auteurs favoris chaque jour pour s’échapper.
Mais revenons à Alto Braco.
Alto Braco c’est une déclaration d’amour à un territoire, l’Aubrac, à ses paysages et à ses animaux autant qu’à ses habitants. Mais c’est aussi et surtout l’hisoire d’une famille que l’on suit sur quatre générations, d’une généalogie avec ses secrets bien enfouis qui vont se révéler couche après couche comme les nuages balayés par le vent d’un ciel d’Aubrac.
Avec Brune la narratrrice, nous partons à l’aventure, une aventure sensible qui débute lorsque Douce, sa grand mère qui l’a élevé à Paris au dessus de son bistrot le Catulle meurt. Ce retour sur les terres natales d’Aubrac à l’occasion de l’enterrement de Douce sera l’occasion de réinterroger le propre parcours de Brune, qui est-elle vraiment ? d’où vient-elle ? pourquoi a-t’elle tellement peur des couteaux depuis toujours ? qui était vraiment Douce et pourquoi est-elle « montée » à Paris si précipitamment avec sa soeur Granita sans vouloir jamais remettre les pieds en Aubrac de son vivant ?
Ce qui m’a touché dans ce roman c’est qu’il interroge notre compréhension de l’autre et la manière dont on se « construit » à travers la façon dont on nous éduque et que tout cela peut voler en éclat lorsque la chaine se rompt, lorsqu’un proche meurt, lorsque le silence laisse place à la parole et que cela bouscule les équilibres précaires au sein des familles, pour in fine convoquer une autre réalité, une autre vérité… une autre filiation. Ce que nous dit ce roman selon moi, c’est qu’il ne faut pas avoir peur parler et d’interrgoer le passé car on a besoin de connaître son histoire familiale, qu’elle qu’elle soit, pour être « entier » et pour se sentir libre de choisir sa propre vie. Il dit aussi que l’amour demeurre quoi qu’il arrive, que les révélations peuvent éprouver un lien mais qu’il ne se rompt pas forcément bien au contraire…
J’ai aussi énormément aimé l’écriture de Vanessa Bamberger et notamment sa capacité à décrire les paysages d’Aubrac, la palette des couleurs, et à donner vie à un territoire de façon aussi intense et poétique… grâce à Vanessa Bamberger j’ai très envie d’aller découvrir le plateau de l’Aubrac.
La neige était tombée pendant la nuit et le paysage prenait l’aspect d’une croute soufflée, de l’omelette norvégienne que Douce servait au réveillon du nouvel an. Les champs givrés s’hérissaient de necks, les anciennes cheminées volcaniques, et de haies d’épicéas repiquées au sommet des collines pour protéger les troupeaux. Des haies étrangement courtes, en forme d’accents aigus ou circonflexes. Une page blanche parcourue de ponctuations noires, voila ce que j’aurais pu voir si j’avais été un faucon pèlerin, un vautour dans le ciel cendreux de l’Aubrac. Tout était blanc ou noir, comme si une main invisible avait activé la fonction monochrome sur un appareil photo géant.
Pour autant, si je suis complètement sincère, ce n’est pas un livre qui m’a « marqué » et que je recommanderais de lire absolument. J’ai trouvé les « ficelles » un peu grosses sur la filiation, un peu too much et je n’y ai pas vraiment cru.
Après, est ce qu’on doit y croire justement ? … à vous de vous faire votre propre opinion !
Alto Braco de Vanessa Bamberger
Paru en janvier 2019 aux Editions Liana Levi
La grande librairie de Fraçois Busnuel – France 5 le 2/2/2019
Itw Vanessa Bamberger – Alto Braco / La grande librairie

Roman de Vanessa Bamberger